Qui sommes-nous ? Calfeutrés dans l’idée illusoire de notre singularité, nous avançons derrière notre moi entêté. Persuadés que nous ne sommes qu’un. Un dessin unique. Un dessein solitaire. Pourtant si le regard s’attarde sur la silhouette, s’il observe pardelà les apparences, il peut voir que lentement le trait se dédouble et tous êtres qui nous composent sortent de la boîte où nous les tenions reclus. Notre boîte. Notre enveloppe corporelle. Notre petite cervelle. Tous ces êtres, Ils étaient là, superposés à la perfection, bien ajustés dans l’exact prolongement les uns des autres, dissimulés en silence, donnant l’illusion de l’unicité. Mais il a suffi que les lignes bougent pour qu’ils prennent vie, tous ceux qui nous habitent, tous ceux qui donnent une réalité à notre passage. Nous sommes construits des autres ; de l’autre. De celui qu’on regarde. De celui qu’on aime. De celui qu’on admire. De celui qui tient chaud. De celui qu’on réchauffe. De celui qui atteste de notre existence. Nous sommes construits de tous ceux sans qui, nous deviendrons fous, abandonnés dans l’immensité esseulée de notre corps.